J'aurais pu

« De nos jours quand on a une chimio, on ne doit pas vomir ! »

J'aurais pu me fâcher tout rouge. J'aurais pu planter mes deux poings fermés sur son bureau et lui hurler dans les oreilles : « Ben alors ! Pourquoi MOI je vomis depuis des semaines ???? »

J'aurais pu.

Mais je me trouvais dans un état de grâce, une bulle de sérénité avec pleins d’images du bonheur passé, dimanche, avec la famille de Marion, Romain et mon petit Basile.

Et puis, dès que je lui ai serré la main, j’ai senti à qui j’avais affaire. Son énergie positive, son élan de sympathie envers moi m’ont immédiatement mis à l’aise : le docteur Berdel - Une des adjointes de ma commandante - fait partie de ces médecins « aidants » qui ne vous laissent jamais dans la mouise.

La preuve : après avoir consulté mon dossier, elle m’a prescrit un anti-vomitif qui a, cette fois-ci enfin, fait correctement son job.

La semaine va être courte : jeudi, scanner et grosse analyse de sang avec les marqueurs - Respire, Evelyne, respire -

Quoiqu’il arrive, Basile viendra de nouveau me voir vendredi, pour le week-end. Je pourrais jouer et rire avec lui. Je lui raconterais des histoires. De vraies belles histoires où, pour lui, j’ai gommé les pas-gentils et les grands méchants loups. Où pour lui, les peurs et les angoisses n’existent même pas. Je ne lui réserve que le meilleur et lorsque je vois ses toutes petites paupières se fermer et qu'une douceur étoilée se pose sur nous, je me dis que le bonheur est bien là, tout près de moi.