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Cancer : quelle aventure... quand sert le cancer
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5 juillet 2012

Le relai

le relaiDepuis lundi je porte un petit boîtier sous la clavicule droite. Dans le langage médical c'est un cathéter à chambre implantable appelé aussi  Port-a-Cath, une disponibilité permanente aux soins injectés qui, je l'espère, aura la bonne idée de bien s'adapter à moi; trop de  mauvais souvenirs du premier qui me fut ôté il y a maintenant un an, après une infection carabinée et qui fut remplacé par un Picc qui lui, se bouchait régulièrement. Des problèmes d'intendances dont je n'ai pas besoin.

C'est après une attente interminable - Plus de 5 heures - que je suis rentrée au bloc. Les locaux du Nord-Ouest ont été superbement refait et si je ne dirais pas que c'est un plaisir de se faire opérer, c'est au moins agréable de respirer du neuf et de ne pas voir sur les murs de la peinture écaillée comme je l'ai vu de nombreuses fois en d'autres lieux. C'est une jeune femme dont j'ai reconnu immédiatement à son accent qu'elle venait des pays de l'Est - Plus précisément de l'ex URSS - qui a pris les choses en main. L'opération se fait sous anesthésie locale et dure environ trois quart d'heure : "Tout dépend si je trouve la veine facilement ...." me dit-elle comme si elle voulait tester ma résistance au stress.

Je tiens à mettre immédiatement les choses au point : " Je suis sujette aux évanouissements vagaux. "  Elle aussi car pendant quelque minutes elle m’explique que " Normalement tout se passe bien ", que je dois sentir qu'elle "travaille " sur moi, mais que je ne dois pas avoir mal. Si toutefois c'est le cas, précise-t-elle, elle me rajoute de l'anesthésiant.

Les infirmières s'activent autour de moi. Prise de tension et application d'une plaque en fer glacée sur la cuisse droite pour pouvoir cautériser la plaie une fois l'opération terminée sans, je crois comprendre, me brûler. Je regarde comme hypnotisée les lampes qui se trouvent juste au-dessus de moi et qui éclairent la salle : on dirait deux grosses soucoupes volantes.

Curieusement je me sens détendue. Il faut dire que pendant la longue attente dans ma chambre de repos, je me suis écoutée toute la série de la parfaite petite "stressée qui aimerait bien voir les choses de façon plus cool", soit dans l'ordre : une préparation à l'opération de JJ SS, une relaxation d'Alain Giraud, une induction de Lockert pour glisser petit à petit dans le sommeil sur les merveilleuses notes de Rachmaninoff interprétées par Hélène Grimaud .Je suis donc arrivée au bloc aussi plate qu'un loukoum qui a fondu à la chaleur : sans tonus, ni dans un sens, ni dans un autre. L'esprit vide et avec un sourire un peu mièvre aux lèvres.

Il fallait bien ça, car lorsqu'elle m'a expliquée qu'elle allait me piquer  pour ensuite me faire une petite entaille afin de glisser le boîtier entre les muscles et la peau tout en m'appliquant un champ opératoire tout vert et tout collant sur la moitié du visage et une partie de l’épaule, je n'en menais quand même pas large et je ne disais : " Mais Evelyne, qu'est-ce que tu fais là ???" Puis nous avons parlé de son pays, de ses études faites là-bas, de sa venue en France avec les équivalences à passer pour pouvoir exercer son métier, nous avons évoqué Léon Bérard - C'est là qu'elle a été formée - et puis elle a prononcé les mots magiques : "Voilà, c'est fini." Je ne connais pas son nom mais pour moi et à jamais elle est devenue « petite poupée russe aux doigts de fée

Mardi ma scintigraphie cardiaque en poche -C'est un examen qui permet d’évaluer la fonction du muscle cardiaque, et donne des renseignements sur ses capacités de contraction-, je rencontre Pauline. C'est elle qui va prendre en charge mon nouveau protocole. Elle me remet quelques vingtaines de pages dactylographiées à la manière d’un véritable contrat que je paraphe rapidement : ce n'est bien plus tard que je vais les lire car le titre me plante déjà un couteau dans le ventre : étude de Phase II contrôlée avec PM 01183 chez des patientes atteintes du cancer de l'ovaire avancé résistantes ou réfractaires aux sels du platine !

Les papiers sont complétés de 3 autres intitulés : "Sous-étude de pharmacogénomique". Je découvre que je peux  donner « mon autorisation pour étudier ou quantifier des gènes et/ou des protéines qui génèrent ou ont un lien avec ma maladie », ce qui pourrait éventuellement servir aux générations futures. Je signe le document mais mon cœur se serre : égoïstement je ne peux m'empêcher de penser : " Bon Dieu, qu'est-ce que j'aimerais que cela me serve aussi !" 

Mais je me reprends rapidement : ce document c'est une forme de relais, une chaîne ininterrompue de solidarité : j'imagine celles, qui avant moi, ont fait la même démarche. C’est grâce à elles toutes que je bénéficie, aujourd’hui, de soins précurseurs. Enfin, je le souhaite de tout mon coeur. Cancer, quelle aventure ... Quand sert l'aventure ... Je me dis que mon blog porte vraiment bien son nom !

La semaine passe vite à courir : une prise de sang par ci, un examen par là.

Mercredi j'ai vu ma commandante, nous avons longuement parlé ...

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Commentaires
I
Coucou Eve<br /> <br /> Je suis de tout coeur avec toi pour cette semaine <br /> <br /> de reprise d'un traitement. Gros bisous
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