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Cancer : quelle aventure... quand sert le cancer
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1 juillet 2012

Si peu de répit !

P1060010Avant d’attaquer le programme chargé de la semaine prochaine, nous avons pris la route de Megève. Il fallait faire une rupture avec les derniers jours vécus difficilement. Tant pour moi que pour mon JJ. Auparavant mon Référent a tenu me faire une échographie : mon estomac à l’envers, des petits pics de douleurs à droite à gauche, un début de ballonnement général, il voulait savoir où en était mon ascite. Résultat : le foie et l’estomac - bien heureusement épargnés- baignent dans un litre d’ascite et quelques lames vers le cul de sac de Douglas commencent à prendre du volume. Pas encore suffisant pour faire une ponction, beaucoup trop à mon goût pour me rassurer : l’inflammation avance à grand pas, le docteur Ray-Coquard ne s’y trompe pas : mes rendez-vous, d’abord organisés à partir du 11 juillet, furent reprogrammés pour le 2 et le 3. Au programme une scintigraphie, une prise de sang, un ECG et de nouveau une rencontre avec elle. Je l’ai d’ailleurs eu longuement au téléphone mercredi. Son équipe médicale a laissé tomber l’idée de la biopsie ; mes tumeurs ne le permettent pas : celles essaimées un peu partout dans l’abdomen sont trop petites et celle de l’épiploon, largement plus grosse est beaucoup trop profonde ! Elle m’explique franchement qu’elle pensait à une « drogue » - C’est le terme qu’elle a employé- dont je n’ai pas retenu le nom mais qui n’est pas disponible avant septembre… Pour elle : « On ne peut pas attendre. » Elle reprend rapidement comme pour éviter que je lui pose une question : « C’est pour nous une porte de sortie disponible si toutefois on n’arrive pas aux résultats que l’on souhaite. »

Se rend-t-elle compte à quel point chaque mot compte, à quel point je suis à l’affut de tout ce qu’elle me dit ? Se rend-t-elle compte que je suis suspendue à ses paroles que je ne vais pas manquer de ressasser dans ma tête ? Sur quoi vais-je pouvoir me raccrocher ? Quelles impressions mon esprit va-t-il retenir pour me donner de l’espoir ? Quelles intonations de sa voix me reviendront en tête lorsque le blues serrera de nouveau de ses mains froides ma gorge nouée ?

Pour l’heure je retiens qu’elle s’oriente sur un protocole en « double choix ». Tiré au sort par la sécurité sociale, j’aurais droit à une chimio douce, administrée toute les semaines, ou à une chimio agressive, administrée, elle, tous les 21 jours. « Je ne vous cache pas que j’ai une préférence pour la deuxième. »

-Ah bon, et si je tombe sur la première !

-Que vient faire la sécu là-dedans ?

Se rend-elle compte …

Quand notre entretien téléphonique se termine mon tempérament me pousse à ne voir que le positif : bientôt coulera dans mes veines un nouveau combattant, une nouvelle stratégie qui, quoi qu’il en soit, surprendra mon ennemi : l’effet de surprise qui a marché un certain temps avec le Carboplatine, le taxol et l’Avastin. J’ose lui poser la question : « Mais enfin, docteur, qu’est-ce qui n’a pas marché ? » Je médite encore sur sa réponse : « En théorie les deux, mais dans la pratique c’est l’avastin qui n’a pas pris le relai. » mais je comprends à travers l’échange qui s’en suit que l’Avastin ne prend en charge qu’une partie du problème : celui de la prolifération des tumeurs par l’angiogenèse, or le cancer étant multifactoriel et particulièrement vicieux il trouve bien vite d’autres pistes pour élargir son champs d’action, notamment celle de l’inflammation. Je repense forcément à tous ce que j’ai entrepris pour essayer de calmer la flambée qui envahie de nouveau mon organisme : mon approche alimentaire, ma marche quotidienne où je répète le mantra que je me suis inventé pour l’occasion : « Force, énergie, guérison » - et que je répète inlassablement, sous le regard amusé et complice de JJ, comme une gamine de 10 ans qui, en colonie de vacances, chante à tu tête : «  Un kilomètre à pied, ça use, ça use… Un kilomètre à pied, ça use les souliers ! », je repense à toutes les stratégies que j’ai mis en place pour calmer mes peurs et mes angoisses … Le doute, tout aussi dangereux que mon ennemi, vient me taper sur l’épaule et me susurre depuis quelques jours l’inutilité de tout cela : « Tu vois bien que ton ennemi est le plus fort, tu vois bien tu n’y arriveras pas … »

Il me faut alors faire des efforts considérables pour ne pas me laisser faire, pour continuer à me préparer quotidiennement mon curcuma poivré, pour mettre sur mes oreilles mes relaxations, pour me lever faire ma marche alors que la fatigue pourrait si facilement m’en empêcher. Je veux avancer encore et encore pour avoir en poche un atout supplémentaire, celui d’un organisme sain malgré la maladie qui n’est pour moi qu’un corps étranger. Le cancer ne fait pas partie de moi, il a élu domicile dans mes organes c’est tout. Il faut que ma commandante trouve la cible pour l’en déloger et comme elle dit : «  On va utiliser votre pleine forme. »

Les choses s’accélèrent. Lundi matin 7 heures, nous allons filer au Nord-Ouest pour poser une voix centrale veineuse. Hé oui ! On tente à nouveau de me greffer un petit boîtier, dispositif interne bien plus pratique que le Picc qui demande, lui, infiniment plus de soins infirmiers. 

JJ, grand organisateur en chef regarde la météo des prochains jours sur Megève. La décision est vite prise ; dès demain, hop, on saute dans la voiture.

...Et voilà cela fait déjà 2 jours que nous profitons du soleil de la montagne. Cette après-midi nous sommes allez au lac de Javen. L’air y est si doux, si léger ... Un vrai bonheur, on en oublierait presque que lundi la guerre recommence.

 

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Commentaires
B
La guerre et le soleil ne vont bien ensemble que parce que la lumière gagne toujours.<br /> <br /> Profite bien de ton échappée.<br /> <br /> Des bisous
G
il peut pas rentrer chez lui<br /> <br /> et te foutre la paix !<br /> <br /> il est terrible ce cancer !<br /> <br /> <br /> <br /> greg isa nono et tom !
A
Bon je pense beaucoup à toi l'été ensoleillé reprend des allures de grisaille, ah si non pouvait se partager la santé comme les bons vins je remplirais tes perfusions de la mienne ( sucre en moins) ;<br /> <br /> Alors je te donne une recette de dessert pour le régime anticancer<br /> <br /> <br /> <br /> une grosse cuillère de coeur en sucre, deux grands bols de sourire, une pincée d'humour noir, un petit peu à peine de colère, histoire de donner du gout , beaucoup de rires au sirop de miel, deux bonnes louches de confidences, mélanger dans un grand saladier chaleureux et mettre au four amical à douce température, à la sortie une belle génoise au chocolat dégoulinant d'amitié , un truc qui fait peur au cancer..je <br /> <br /> t'aime ton agnès
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