Des mots vracs sur mes états d'âme
Maintenant je le sais : jamais les batteries d'examens faites régulièrement ne peuvent se passer dans la légèreté. Seul l'espace-temps entre deux contrôles peut-être futile, surtout les premiers jours où je me dégage pour un certain temps de cette maladie si lourde à porter.
Pourtant je rêve de les traverser sans pesanteur, avec toute la confiance que peut avoir une personne en bonne santé qui passe un examen de routine ... Juste peut-être un doute fugace qui traîne dans la tête mais si vite balayé par le sourire d'une secrétaire qui lui tend les résultats dans une enveloppe à peine cachetée. Moi, quand on me donne mon enveloppe je tremble, mes yeux balayent les chiffres qui me sont devenus si familiers et se fixent sur un nombre qui ne me plaît guères : jamais rien ne va tout à fait bien et c'est normal : je suis encore malade.
Depuis plusieurs jours, allez savoir pourquoi, je repense à cette ascite si meurtrière qui a fui devant l'arsenal chimique envoyé régulièrement par mes médecins de chez Lèon. Je me prends à croire qu'elle est revenue et cela m'effraie. Je me raisonne mais rien n'y fait, cette pensée est là et bien que je sache qu'il faut positiver, je ne sais qu'en faire!
Alors je prends une décision, là maintenant, celle de "travailler" dessus. En méditation cela veut dire : savoir qu'elle est là, ne surtout pas l'évacuer, elle n'en prendrait que trop place, mais plutôt la voir seulement pour ce qu'elle est : une pensée rien qu'une pensée, pas la vérité.
C'est facile à dire quand une épée de Damoclès tournoie au-dessus votre tête : l'idée que cette arme est prête à me trancher la gorge est partagée, je le sais pour en avoir parlé, par tous ceux qui ont, comme on dit pudiquement - moi je dirais plutôt : comme on dit ridiculement - une longue maladie.
Mais voyez-vous, placer des mots forts les uns derrières les autres sur l'écran de mon ordinateur, les mettre dans le pot transparent de la lucidité, les secouer à coup de réflexions et de logique - la mienne - pour qu'ils puissent construire une phrase, deux phrases, trois phrases et que soudain au détours d'un paragraphe,ils transcrivent l'essence même de mes sentiments, c'est comme me guérir au moins d'une chose : la tristesse qui parfois me pèse d'avoir un cancer, j'ai tant de choses encore à vivre !
Et vous aussi.