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Cancer : quelle aventure... quand sert le cancer
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15 février 2012

Vous avez dit Symptômes ?

valisesSouvent on me demande : " Mais tu t'en es rendu compte comment ?", "T'avais quoi comme symptômes?

Depuis un certain temps je me rends compte que je laisse un léger blanc, je plisse les yeux et j’essaye de me souvenir avant de répondre. Car mon point de vue  a évolué avec le temps. Au début j'expliquais le souvenir très présent de mon  ventre gonflé et de mon estomac ballonné - mais en fin de compte seulement quelques jours avant la découverte du cancer - Deux semaines auparavant  JJ  trouvait curieux que mon ventre se projetât de plus en plus en avant comme si mon bassin avait basculé de quelques degrés. Il était évident que pour moi ce fut les premiers signes avant-coureurs...  Puis la maladie m'a appris à prendre un vrai recul sur moi-même et sur mon comportement : tel Christophe Colomb j’ai vêtu l’habit de l’explorateur – quand je vous dis que c’est une aventure - et je suis partie en terre inconnue à la recherche, non pas de terres lointaines mais de symptômes cachés et de tous ces petits signes que je n'ai pas pu voir. J’ai embarqué au pays de moi-même parce que franchement 4 litres d’ascite dans le ventre ça prend quand même un peu de place et ça bouleverse drôlement les tripes et l’équilibre du corps ! Non ? Hé bien non ! Je n’ai rien vu ! Rien ressenti ! Je n’étais tout simplement pas à l’écoute, pas en « conscience ». Et pourtant sur ma route tous les feux rouges se sont allumés un par un pour me dire  " Voilà ma belle, là ce n’est pas normal. Arrête ton navire, réduit la grand-voile et descend dans la cale pour y voir ce qui cloche. »

Le corps est responsable, l'esprit l'est encore plus... je crois que le premier à suspecter mon mal être mental fut mon précieux généraliste. Je l'ai connu lorsque je me suis installée à Oullins. La lampe de sel qui éclairait son bureau m'a plu : c'était bien la première fois que je voyais cela chez un médecin allopathe! Il m'a arrêtée 15 jours. C'était fin 2010 et un problème d'épaule m'empêchait même de conduire. Je me souviens maintenant que c'est  à cette période que j'ai ressenti quelques douleurs d'adolescente au bas du ventre, moi qui étais ménopausée depuis plus de 2 ans ! Je les ai mises de côté pour les oublier bien vite au même titre que les spasmes intestinaux qui parfois me gênaient au point de me plier en deux : je les faisais passer sur le compte d'une constipation chronique alors que la douleur éprouvée était, elle, toute à fait nouvelle ! Puis une opération et une rééducation ratée prolongèrent mon arrêt maladie. C'est là que la fatigue s'est sérieusement installée... Je ne travaillais pas et pourtant l'après-midi je faisais des efforts considérables pour me remettre de ma sieste sacrée qui en temps normal ne durait pas plus de 10 minutes montre en main et qui se prolongeait de plus en plus, de jour en jour. Durant cette période, j'ai revu bien sûr mon généraliste, que je ne nommerais pas puisqu'il est devenu depuis notre ami et que je connais sa discrétion. Intuitif, Il m'a conseillé à l'époque un livre " Dis-moi si je m'approche", d'Arouna Lipschitz. Je vous lis le résumé du livre " Avec courage, Arouna, élevée dans la foi juive, tente d'affronter ses démons intérieurs, sa culpabilité, ses colères et ses angoisses avec l'aide de son analyste et de ses maîtres spirituels."  Emprisonnée dans mes carcans autant vous dire que je suis passée totalement à côté du message, et du livre, et de mon ami qui, lui, a senti le premier qu'il fallait enfin que je me pose...Que j’aille vraiment au bout des changements que j’avais déjà entrepris dans ma vie, que je me libère totalement de toutes les casseroles que je traînais et de toutes les colères enfouies au fond de mon coeur.  Je souris maintenant de tant d'ignorance sur moi-même et de mon incapacité à me remettre en cause, de mon incapacité de m'écouter vraiment, de mes certitudes bien ancrées au fond de moi que j'ai dû aller chercher à coup de pioche pour les combattre et pour comprendre ce qui me serrait la gorge avec angoisse alors que tout allait bien dans ma vie personnelle.  Cérébrale comme je suis, je me pensais lucide : je trouvais presque normal de culpabiliser sur mes actes passés, intransigeante et sans concessions, je me jugeais très sévèrement  mais, encore une fois, mon bonheur personnel m’aidait à évacuer assez bien toutes mes pensées négatives...

Sans me rendre compte je mettais en place petit à petit tous les ingrédients, non pas de la maladie, mais mon aveuglement à ne pas voir que mon physique ne me suivait plus...Pendant ce temps-là les symptômes continuaient désespérément à m'envoyer des signes. Je me revois reprendre quasiment tous mes pantalons et mes jupes au niveau des cuisses et des hanches, ne me posant aucune question; je me vois encore face au miroir de l'hôtel de Djerba où nous passions un petit séjour pour mon anniversaire : mes hanches étaient devenues étrangement étroites mais je mettrais mon changement physique sur l'âge ! J'avais tellement entendu : " Tu sais, le corps change après la cinquantaine." J’avais pour guide ma balance où l’aiguille d’une façon constante oscillait entre 55 ,5 et 56 kg, mon poids de forme. Nous étions en juin 2011 à quelques jours du tsunami qui submergea notre vie, à JJ et à moi-même et même la marche que nous aimions faire sur le bord de la plage était écourtée   par mon souffle qui devenait de plus en plus court : j’avais un épanchement pleural, plus clairement de l’eau dans le poumon droit –Toujours lié à l’ascite - et souffrais de pleurésie sans le savoir ! La maladie c’était déjà installée, se dispersant  pernicieusement  dans mon corps. Ce même corps se débattait, m’envoyait des SOS, encore une fois, je ne les ai pas entendus. Il faut dire que le cancer de l’ovaire est un des plus difficiles à diagnostiquer et qu'il se développe à la vitesse d’un éclair : 1 an auparavant, quasiment jour pour jour, ma visite annuelle chez mon gynécologue n’avait rien révélée  à l’échographie.  Ma cécité ne m’a fait perdre donc que quelques petits mois… Le temps que l’ascite, cet épanchement liquidien, m’envoie un signe que je n’ai pas pu, cette fois-ci, ne pas voir : mon ventre tendu et le ballonnement stomacal me poussèrent un matin à consulter mon généraliste qui, sans perdre de temps passa le relais à un gastro-hétérologue. Vu le soir même, après une consultation par palpation, il m’a renvoyée chez moi en expliquant mon mal par la  prise trop importante d’anti-inflammatoires. C’est vrai que j’en prenais  pour combattre mes douleurs d’épaule qui pourrissaient de plus en plus ma vie. Encore un signe, peut-être le plus étonnant mais le plus logique puisque les 4 litres d’ascite avaient « remontés » tous mes organes, dont particulièrement le diaphragme. Les muscles du haut du corps s’asphyxiaient de plus en plus : il est étonnant de découvrir que les personnes qui souffrent de cancers tels que celui des ovaires comme le mien ou celui de l’estomac ont entre autres comme symptôme des douleurs d’épaules !

Fort heureusement, deux jours plus tard, j’avais un rendez-vous programmé chez mon gynécologue. C’est à cette banale visite de contrôle que son visage impassible – je le connaissais ainsi depuis plus de 10 ans - se transforma en une seconde : régulièrement depuis toutes ses années, il me faisait une échographie. Ce qu'il me dit alors fit trembler ma terre. Mon cœur chavira. Il n’avait pas prononcé le mot cancer mais j’ai compris l’importance des dégâts. Je me suis vite rhabillée pour aller chercher JJ qui m’attendait dans la pièce tout à côté. Sa main dans la mienne je suis descendue au rez-de-chaussée de la clinique pour mon premier scanner ... La suite vous la connaissez.

J’en ai fait du chemin depuis 7 mois ! Ne pas avoir vu mes symptômes n’a plus aucune importance, je ne retiens de ce parcours que ce qu'il m'apprend et ce qu'il m'apporte ... Je m’accepte telle que je suis vraiment et je ne porte plus les pierres qui ne m’appartiennent pas. Vivre un cancer c’est partir avec des bagages remplis de peurs, d’amertumes, de colères, de culpabilités et de chagrins puis c’est apprendre à les déposer un par un au bord du chemin comme on dépose les armes après une dure bataille. Heureusement au début de cette aventure se balançait aussi sur mon épaule, un baluchon accroché au bout d'un bâton avec dedans tout l'amour que j'ai reçu et celui que j'ai donné. Je suis partie aussi avec pour qu'un jour je puisse voir enfin le bout du tunnel, mais là j'ai tout gardé. Certes j’ai encore des craintes mais je les regarde sans me voiler la face, je n’en plus de certitudes et je vis les choses de ma vie comme elles se présentent : simplement.

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Commentaires
G
Très beau texte !<br /> <br /> merci pour tous ces expériences partagées<br /> <br /> <br /> <br /> et courage !
N
Bonsoir Evelyne,<br /> <br /> <br /> <br /> Enfin je trouve le courage de te faire un grand coucou sur ton blog!!<br /> <br /> Dire que j'y vais tous les jours et que je ne savais pas trop comment te soutenir et là je te te le dis je suis admirative de ton courage et ta détermination, ayant eu la chance de te connaître au séminaire à Paris cela ne m'étonne pas!<br /> <br /> Lire tes courriers est toujours un plaisir et quand il n'y en a pas je suis déçue, ton écriture est passionnante.<br /> <br /> Je pense tous les jours à toi et je sais que JJ G. aussi, je t'embrasse bien fort ainsi que ton "JJ" que je ne connais qu'au téléphone mais qui a l'air exceptionnel.<br /> <br /> A bientôt.<br /> <br /> <br /> <br /> Bises NATHALIE Physioconfort!
I
Il fait moins froid sur l'Alsace mais il neige depuis ce matin, la campagne est belle, mais sur les routes,c'est pas terrible heureusement ici on a l'habitude et les routes sont vite dégagées.<br /> <br /> La salade d'oranges était super, j'ai eu un peu de mal à enlever la peau, mais ça valait le coup.<br /> <br /> Je vais essayer la recette avec les endives, en mettant des coquilles St Jacques comme ton amie le conseille et on en trouve<br /> <br /> encore des fraiches.<br /> <br /> Bisous. Isabelle
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