Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Cancer : quelle aventure... quand sert le cancer
Derniers commentaires
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 57 172
Archives
17 février 2012

Le grand foutoir

dyslexieIls s'appellent ça " l'altération de la parole", moi, j’appelle " le grand foutoir ". Ça commence par des petits inversions de syllabes ou de lettres, mais uniquement à l'écrit. Un peu comme quand j'étais petite quand un léger problème de dyslexie m’empêcha de vraiment apprécier l’école et ce petit travers me revient immanquablement lorsque je suis fatiguée. . Tient ! Là, je viens d’écrire « reveint » au lieu de « revient » et je suis bien heureuse de ne plus être à l’époque des machines à écrire : jeune dactylographe du jeudi, j’ai appris à taper sur un clavier vers l’âge de 12/13 ans surveillée par une énorme bonne femme qui sentait très fort, Mlle Pierre. Dans mon souvenir elle régnait seule et d’une main de maître par une élégante écriture penchée qu'elle appliquait avec grand soin sur un nombre incommensurable de cahiers de comptabilité couleur d’un bleu écolier, toujours protégée derrière le comptoir en bois ciré du magasin de meubles que tenait mes parents. Je me revois , d’un geste sec prendre la feuille coincée entre les 2 rouleaux de mon Oliveti, la froisser rageusement, victime de mon travers enfantin et de l’apprentissage laborieux du clavier sur cette machine entièrement mécanique, sans électricité ni batterie avec comme seule énergie celui de l’impulsion des doigts entraînant ainsi engrenages, leviers et ressorts : chaque lettre projetée en avant venait presque se coller sur la feuille, le tout baignant dans un crépitement de plus en plus régulier au fur et à mesure de mes progrès. « Je vous parle d’un temps que les jeunes de moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre… ». À croire que leurs mains, leurs doigts et leurs cerveaux sont formatés dès la naissance à la facilité de l’informatique d’aujourd’hui !

Grâce à tous ces progrès technologiques, d’un coup de « backspace », je peux faire mes corrections d’écrits  sans problème. Ce qui me permet de gagner du temps ! Il n’en est pas de même avec les sons de ma bouche. Depuis quelques semaines, quant au lieu de dire « été » elle choisit « hiver » et que je remplace allégrement «  nuancier » par « échéancier », l'expression ahurie des yeux de mon jj me fait éclater de rire mais derrière ce rire-là je me suis posée beaucoup de questions sur l’état de mes neurones !  Très sérieusement.

Mais ce n’est pas tout. Vint ensuite le mot qui bute et la parole qui ne sort pas… Rien à voir avec la recherche du mot que l’on a sur le bout de la langue, comme cela peut nous arriver souvent. Je parle du mot réfléchi correctement, celui qui suit les mystérieux méandres des méninges pour arriver naturellement sur la langue comme si de rien n’était. Mais au lieu de sortir dans l’élan de la réflexion,  ce mot, au parcours jusqu’alors parfait, stoppe sa course de façon nette et brutale : ma bouche est ouverte prête à articuler le fameux mot, mais celui-ci ne profite pas de l’impulsion donnée : il stagne sur ma langue et aucun son ne sort de ma bouche, me faisant ressembler ainsi à un gros poisson rouge gobant un insecte aquatique qui passe devant lui.

D’où le « grand foutoir » parce qu'entre la voix rauque qui me revient  régulièrement les 5 premiers jours de mes chimios et ma tête toute à l’envers, moi j’ai toujours le sentiment de faire des efforts pour parler…

Ce n’est pas gênant que pour moi mais aussi pour mon entourage... Patience, patience...  L’essentiel c’est que tout cela n’est pas dangereux. « L’altération de la parole » n’est qu’une des nombreuses conséquences de l’Avastin, toutes consignées dans un dossier que m’a remis le centre Lèon Bérard. C’est bien la première fois que je suis rassurée en relisant les quatre pages - format A4 - de tous les effets secondaires liés au protocole. Ceux-ci sont classés de la façon suivante : Effets indésirables dits « Très fréquents », « Fréquents », « Peu fréquent », « Rares » et « Très rare », indexés par: pouvant être « graves « » ou « non grave ».

L’altération de la parole est classée dans « fréquent » et « non grave ».

Oufffffff

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
M
C'est quoi un Olivetti?!<br /> <br /> Bisouuu
Publicité