en direct de chez Léon. Partie I

Ce matin pour la première fois nous avons pris le taxi. Nous avions l’habitude de prendre  notre voiture pour nous rendre chez Léon mais nous avons ressenti un besoin de confort : plus de stress pour la conduite dans les embouteillages, ni pour se garer, souvent très loin… De vrais pachas !

Le Dr Molin m’a auscultée. Il m’a trouvée très en forme. Chic. Il faut dire que pour la première fois depuis longtemps le nombre de mes globules blancs n’est pas indexé par le fameux  petit astérisque qui signale les résultats suspects et alerte mes médecins de la faiblesse du système immunitaire. Mon alimentation, totalement changée depuis le début de l’année, mes relaxations guidées associées à mes méditations sagement exécutées, mes marches quotidiennes, d’abord  forcées puis faites maintenant avec tant de plaisir, donnent enfin les résultats escomptés : l'examen clinique est bon et je veux aider à tout prix mon corps à supporter et accepter les  lourdes chimios - Avec celle d'aujourd'hui, il m'en reste deux - pour laisser place libre à l'Avastin, l'anticorps programmé pour traquer, nous le souhaitons, la tumeur du grand épiploon, cette espèce de sale patate chaude que le Dr Méeus, dans sa grande sagesse chirurgicale - Nous en avons largement parlé ensemble -  a prudemment redonnée au Dr Ray-Coquard, ma magicienne Es Chimio. Aujourd'hui tout va bien. C’est sûrement grâce au taux normal de mes globules blancs qui depuis  4 à 5 jours me permet de caler les pas de ma marche quotidienne  au  rythme militaire d'un petit soldat.

C’est avec ce même rythme que je vois s’activer Stéphanie et une « stagiaire » appelée Karine, infirmière libérale en formation au Centre . Elle fera les chimios à domicile. Une bonne idée mais qui peut nous priver de rencontres essentielles faites chez Léon. Je me souviens de tous les conseils que l'on m'a donnés spontanément lorsque, nouvelle, je découvrais ahurie ce monde à part fourmillant de blouses blanches et de patients que j'ai rapidement classés en plusieurs catégories. Cet univers où l'attente se décline dans les deux sens du terme : on attend parfois des heures pour une radiographie ou pour une échographie ! Mais jamais, au grand jamais, quand on est dans l'urgence :  qui a vu le docteur Devaux courir au chevet d'un malade défaillant, effondré par une nouvelle où déchiré par une douleur et le " repêcher " d'un mot, d'un regard et de toute son énergie...qui s'est vu prise, comme moi, en charge par 5 infirmières d'un coup lorsque mon corps me lâche, va comprendre : rentrer au Centre de Léon Bérard, que l'on soit malade ou accompagnant, c'est découvrir une 4ème dimension celle du " temps carcinome ". Le temps où sont gérées les priorités, les vraies - j'y reviendrais sûrement plus tard - et je découvre tous les jours que c'est primordial. Chez Léon ils savent faire et j'ai eu souvent l'occasion de leur décerner la médaille du mérite!

Et puis il y a l'autre attente, celle des résultats et que l'on cherche comme un Saint Graal : Trouver et garder précieusement la santé.  Stéphanie et Karine vont donc s’occuper de nous durant toute la journée dans un pré carré un peu retiré de l’agitation générale où nous sommes 4 patientes sagement installées sur des fauteuils inclinables. Stéphanie relève avec subtilité, face à notre impatience légèrement perceptible ce matin : " Patient =Patience..." : je sais que le service attend ce jour plus d'une centaine de personnes...Si j'ai bien compris aujourd'hui sont réunies 3 de mes catégories : il y a deux " débutantes ", une patience déjà bien rodée aux différentes étapes de notre prise en charge puisqu'elle est traitée depuis 2 ans et moi qui, avec mes déjà 7 mois d'aventure, navigue maintenant entre ces deux étapes.

L'ambiance est aux échanges mais il est déjà 10 heures et Peggy arrive pour faire le point de Rosia...

Prenez soins de vous et à demain.