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Cancer : quelle aventure... quand sert le cancer
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4 février 2012

En leger différé de chez Léon. Partie II

cancreCe fut une belle journée.  J’y ai fait une rencontre. Sylvie, qui en est à sa deuxième chimio. Avec ses cheveux fraîchement coupés, elle m’a rappelée la « débutante  » que j’ai été, cherchant à apprivoiser le monde parfois surréaliste de Léon Bérard. Elle était accompagnée d’une amie. Il y a beaucoup à dire sur « les accompagnants » ces indispensables soutiens qui, toujours présents, nous aident parfois comme on doit aider les enfants. Dois-je dire que, chez Léon , je suis choquée de voir trop de gens seuls, moi qui ai la chance de ne jamais l’être.

Le regard de ces « accompagnants », chargé de tant d’amour, nous permet d’ oublier parfois le contexte difficile du moment : Sylvie, par ce que j’appellerais un sérieux couac, a attendu pas loin de 5 heures son produit ! Pendant ce temps-là nous avons pu  faire connaissance… ces fameux échanges dont je parlais précédemment dont je crains la perte lors des cures à domicile. Pourtant gardons à l'esprit que cela  peut être une vraie solution lorsque les forces nous manquent vraiment. A réfléchir.…

À Sylvie et son amie dont je ne connais que le pseudo de son mail mais qui m'a fait découvrir un joli anagramme de cancer : cancre - Quelle belle trouvaille! Comment n'y ai-je pas pensé la première??? - ...Je dis à très bientôt.

Je reprends le présent pour revivre ma journée…La conversation avec Peggy, la coordinatrice de mon protocole Rosia me soulage. Depuis l’échec de mon opération, je suis largement préoccupée par l’évaluation de la maladie. Comment jauger la place que prend mon ennemi sur mes viscères, comment juger de sa régression ? Souvent le geste chirurgical est radical, en tout cas rassurant. Je dis souvent car ce n’est pas toujours le cas. J’ai appris dernièrement que lorsque la tumeur mère été  prélevée, cela  activait sérieusement les métastases, connues ou inconnues. En d’autres mots : « tu supprimes ta tumeur et les chevaux de Troie envoyés par ton ennemi s’éveillent à la vie comme par enchantement  pendant que toi, tu penses être tranquille !. » En parlant à Françoise de ma découverte,  elle m’ouvre encore plus les yeux en employant le mot « essaimer », Je saute alors dans mon dico virtuel et je vous fais un copier-coller : « Sens 1 Pour les abeilles, quitter la ruche en essaim pour former une autre colonie [Zoologie]. Sens 2 Se disperser [Figuré].  Je comprends mieux la fureur, assez contenue en fin de compte vue l’enjeu, du Dr Méeus  quand il  apprit qu'à la clinique Protestante on m’avait retirée les ovaires, laissant libre cours à l’agressivité des cellules en dormance. Je me souviens de ces mots «  Pourtant c’est mon élève. En amphi je leur dis bien, à tous, de ne rien enlever avant que la tumeur ne soit asséchée  ». Ben oui ! C’est comme ça  Monsieur le Professeur, vous n’êtes pas entendu !

Bref, je sais qu'il faut oublier cela puisque pauvre humain que nous sommes, nous ne pouvons définitivement pas agir sur le passé. Il me faut  le temps de la digestion et chez moi, je l’avoue, bien que les méditations m’ont beaucoup apportées, coté  cogitations, j’ai des progrès à faire !

Mais revenons au présent puisque c’est lui qui compte…Je fais une première approche de ma réflexion sur l’évaluation de mes progrès avec le Dr Molin. Il est tellement content de mon aspect clinique, qu’il passe assez vite sur la problématique que je lui pose. Après tout ce n’est pas vraiment son job… Têtue, je ne lâche pas le morceau et quand je vois arrivée Peggy,  souriante comme toujours, je me dis : « Là, tu t’adresses  à la bonne personne » ; C’est elle qui a pour mission de suivre mes progrès. Je lui remets mon carnet de correspondance où je note chaque jour les symptômes éprouvés : fatigue, douleurs aux mollets, fourmillements des pieds et des mains, saignements des gencives, voix rauque et ce mois-ci douleurs à la vessie, définitivement supprimées par l'ablation de la sonde, il y a plus d’une semaine ... Le tout sagement enjolivé d’1,2 ou 3 étoiles selon la galère ressentie. Elle remarque immédiatement les progrès réalisés : les étoiles sont moins importantes et certaines douleurs ont disparues, notamment celle des mollets. Malicieusement je lui dis que je mange un morceau de chocolat noir chaque soir car je sais que c’est bon pour les douleurs musculaires et lui demande de remonter l’information à notre « Commandante », le Dr Ray-Coquard…Nous sourions toutes les deux ensemble, nous savons qu’elle ne le fera pas… L’essentiel est que je monte d’un cran dans l’évaluation clinique et c’est pour moi l’occasion de creuser cette question. En fait Peggy m’explique que 3 critères rentrent en ligne de compte pour valider l’efficacité du Protocole Rosia : les marqueurs, le scanner effectué régulièrement  et mon état clinique. Je suis rassurée par mon état clinique et c’est vrai que je vais mieux. : Je le sens. Mes marqueurs après la course effrénée qu’ils ont faite dans les profondeurs abyssales  de la maladie retrouvent petit à petit la place qu’ils n’auraient jamais dû quitter. La tendance est bonne : descendus à 19 - le rêve total  - avant mon opération, remontée à 91 après, ils entament de nouveau la pente douce de la normalité : 58 puis 46. Les résultats de la prise de sang faite aujourd’hui au Centre ne me seront transmis qu’à la prochaine cure, puisque mes analyses, maintenant doivent être pratiquées par un labo validé par le laboratoire Roche, à savoir celui de l’hôpital Herriot. La norme du CA 125, le marqueur du cancer de l’ovaire doit être > à 35. J'y suis presque.

Quant au scanner, le rendez-vous  est déjà pris, par mon très organisé JJ, pour le 20 février…

…Le temps passe comme le taxol passe dans mes veines : doucement. L’Avastin, c’est déjà fait, il ne me reste plus que le carboplatine. Jusqu’à présent tout va bien, mais petit à petit mon regard se brouille,  les mots que l’on m’adresse raisonnent bizarrement dans ma tête, je me couvre d’eau….ouille, ouille, ouille, là je connais bien : chute de tension à l’horizon. Immédiatement je me mets la tête à l’envers, mon JJ m’aide à soulever mes pieds…Les doses sont très fortes mais là ils ont dû carrément m’atomiser ! Je respire calmement. Mon cœur bat moins vite. Une infirmière prend ma tension : 10. Ça va, la crise n’ira pas plus loin. Pourtant je me souviens à peine d’être partie de la salle, fermement soutenue par JJ, je sens le taxi nous happer dans le brouhaha des nombreux retours prévus, puis c’est le trou noir. Je me réveille à la maison, ne me souviens même pas d’avoir eu Nicole au téléphone, pourtant elle me confirme que nous nous sommes bien parlées…Christiane, mon infirmière du soir, arrive. Il était temps, mon estomac commençait à se retourner. Elle me branche mes perfusions de nuits : le Zophren agit instantanément. Ouf. Vient ensuite l’Inexium et l’Osmantan, je me sens beaucoup mieux.

Aujourd’hui nous sommes samedi. Mes chimios-journées s’écoulent  tranquillement. Fatiguée je le suis, mais la cotisone me booste à certains moments de la journée. Le week-end sera calme, tranquille, reposant et surtout bien au chaud. Dimanche nous irons chez des amis : une perspective bien agréable…

 Je vous embrasse très fort où que vous soyez.

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