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Cancer : quelle aventure... quand sert le cancer
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28 février 2012

Pic et pic et colé...Drame

colegramDès que commence mes Chimios-Journées je revêts mon habit ... de combat et de confort : ma large couverture-robe-de-chambre-doudoune-rouge avec un bonnet noir sur les oreilles. Aujourd'hui j'ai rajouté une écharpe, je suis frigorifiée. Aucune chimio ne se ressemble, celle-ci à l’air de prendre l’allure fatigante et traînante d’une fin de course qui dure depuis tant de kilomètres que mes forces me lâchent un peu, malgré les bonnes nouvelles. Lorsque je suis arrivée jeudi chez Léon je n'étais déjà pas très en forme : le froid glacial des dernières semaines m'ont empêchée de sortir et du coup marcher dans son appartement c'est quand même pas pareil que de marcher au grand air. D'autant plus qu'un mal de dos carabiné c'était invité à la fête et que je me suis fait un sang d'encre craignant de nouveau un problème de rein ou de vessie. Il n’en était rien mais le temps de me rendre compte que ce n’était que mes muscles qui commençaient à flancher, la machine à broyer le moral à petit feu commençait dangereusement  à se mettre en route ... Hé oui ! Nous ne sommes que de petites choses fragiles !

Flash-back sur mardi dernier :

C’est donc dans un état craintif que nous arrivâmes, mon JJ et moi à la Clinique Protestante pour le scanner, un examen oh combien important pour le déroulement de mon aventure ! De plus, le tout début de la journée c’était bien mal passée : après une insomnie qui me laissa sur le carreau dès le matin, voilà que mes analyses récupérées au laboratoire, ne sont pas terribles : l'hématologie est faiblarde, mes globules rouges et blancs sont en baisse, mes plaquettes aussi. Les minimas ne sont pas atteints mais je déteste avoir des petites étoiles en haut à gauche de mes chiffres qui me sortent de la normalité. Je suis une perfectionniste, c’est comme ça !

Ma créatinine est normale, signe que mes reins fonctionnent bien – C'est déjà ça -   

Nous arrivons à la clinique à l'heure et ce n'est qu'après avoir attendu des lustres, comme d'habitude, qu'une infirmière vient me chercher. Je veux bien croire que je sois tendue mais immédiatement j'ai senti chez elle une tension anormale que je rencontre parfois chez certains personnels soignants. Elle tient dans les mains l'ordonnance qui vient de chez Léon qui, au -delà de mon crâne dégarni, me colle immédiatement le tampon  "cancer " sur le front : " D'habitude vous supportez bien l'injection ? Pas d’allergies ? ". Je lui répond : " Sans problème". Je me trouve dans l'obligation de lui préciser comme pour la rassurer : " c'est le 6 ème scanner que je passe chez vous. " Elle reprend : " Et ça se passe comment ? "  Je comprends, un brin énervée, que je suis tombée sur une " InfirmièreQuiApeurdeTout ". Les pires ! Elles sont tétanisées par la crainte de mal faire tant l'enjeu les dépasse. La situation est bizarre, c'est moi qui dois prendre les choses en main et franchement aujourd'hui je n'ai pas besoin de cela! Je lui précise cependant mes exigences : Je ne veux pas être prise dans le flot considérable de scanners que la clinique a programmés ce matin sachant par expérience que parfois le bilan est un peu bâclé : " Le Dr Ray Coquard vous demande un scanner de suivi et précise bien sur l'ordonnance que je suis en Protocole. Je veux aussi que le médecin fasse le point sur ma thrombose, la dernière fois  il ne l’avait pas fait et comme j’ai très mal au dos, qu’il vérifie aussi mes reins et ma vessie".  Je monte d'un cran la pression mais bon...

J'enlève ma robe et je lui montre mon bras, conciliante : " j'ai la chance d'en avoir des bonnes veines. " Elle prépare ses instruments et je commence à me détendre. "Je pique " me dit-elle. Dans ma tête je chantonne une petite comptine de mon enfance : Pic et pic et colégram, bour et bour et ratatam... Je ne sens rien - merci le patch anti douleur - et là elle recommence : " Vous avez mal? "... " Non, non, tout va bien ." Bour et bour et ratatam,: Ams, tram ...gram...

Elle me tâte le bras : "C'est drôle je ne sens pas le sérum passer...Je suis peut-être à coté... Vous êtes certaine, vous n'avez pas mal ?"

" NON, je ne sens rien mais changez de veine, c'est peut-être plus sûr."  Elle s'acharne et recommence à me faire flipper mais rapidement le cathéter est scotché sur mon bras et elle me laisse dans la petite pièce, un sas à double porte, une par laquelle on rentre et une qui donne accès directement à la salle d'examen : " Je viens vous chercher dans quelques minutes. " 

Ne panique pas Evelyne, ne panique pas. J'en profite pour faire une séance d' EFT.

L'EFT - Techniques de Libération Émotionnelle à découvrir ICI - m’a été apprise par Agnès et je l'utilise dans les situations d'urgence. Elle a l'avantage de déstresser l'organise rapidement. Là, j'en ai grand besoin et comme je connais la suite de l'examen, indolore mais très impressionnant, il est grand temps que je reprenne en main mes émotions qui sont à fleur de peau.

J'ai juste le temps de me détendre et la porte d'accès au scanner s'ouvre : je peux m'allonger sur la table, étroite et longue, montée sur rails. Au signal de l'opérateur, elle se déplacera au fur et à mesure que le scanner, une espèce d'arc de cercle énorme qui enjambe la table, fera ses clichés. Je souris. La machine me touche presque la tête et je vois, incrustées dans la chair mécanique de l'engin quelques instructions basiques et deux petites têtes, comme des smileys : une  souriante et brillante d'une lumière jaune, l'autre faisant triste mine, d'un rouge mat non éclairé. Je me demande alors quelle serait la signification si le symbole de couleur rouge viendrait à clignoter !

L'infirmière s'affaire sur mon cathéter et me repasse immédiatement son angoisse par un : "Vous êtes sûre que vous n'avez pas mal ?" Et là je craque " Appelez quelqu'un d'autre si vous avez des doutes, moi je ne veux pas avoir de problèmes, j'en ai suffisamment comme ça! ". Elle a l'air de se reprendre : " Non, non, ça va aller..." Elle fait passer au-dessus de ma tête une pompe articulée par un bras en acier où l'iode attend tranquillement d'être injectée. Elle la branche sur mon cathéter, me donne les instructions respiratoires pour que les images opacifiés par le produit ne soit pas troubles et elle sort rapidement de la salle. Je suis maintenant seule et je peux reprendre ma relaxation  quand j'entends la turbine se mettre en route. Je reste le plus calme possible en me répétant que rien n'est dangereux, rien n'est douloureux. Pourtant je sens que mon bras me gêne un peu à l'endroit du cathéter. La table mouvante fait deux passages à travers le scanner et j'entends une voix me demander : " Gonflez les poumons ... Retenez votre respiration ", je compte : un, deux, trois, quatre....dix. " Respirez... " L'infirmière rentre de nouveau dans la salle. " Je lance l'injection. "

Je connais bien cette sensation que procure l'iode et je m'y suis habituée mais cette fois-ci la sensation de chaleur, au lieu d'envahir tout mon bassin, stagne dans ma gorge. J'essaye de ne pas paniquer et décide de laisser faire les choses. "Respi...." L'infirmière rentre de nouveau dans la salle et me demande de tousser " Pour faire descendre mieux le produit." Là j'ai la confirmation que le cathéter fonctionne mal ... Je ravale ma peur pour ne pas gâcher mon examen. L'essentiel est que je ne bouge pas, les clichés doivent être les plus nets possible. J'ai hâte que tout cela se termine, mon bras maintenant me brûle.

Je rejoints JJ énervée et quand la secrétaire, après encore une attente interminable, nous appelle pour nous remettre le compte-rendu; elle nous dit que le médecin est parti - Tu m'étonnes ! Il est plus d'une heure de l'après-midi - je ne peux m'empêcher d'élever la voix : "Je veux qu'il interprète mon scanner. " Là je ne plaisante pas. Une autre secrétaire courre le chercher ... Il est peut-être encore dans le couloir ou le vestiaire. Il vient vers nous habillé "en civil ". Il nous explique alors mes résultats : Plus d'ascite, même pas une lame dans la poche de Douglas de planquée, mes poumons vont bien, mes reins aussi, ils ne sont pas distendus. Petit à petit je vais mieux et quand je comprends que seul l'épaississement de l'épiploon pose encore problème, je ne suis pas surprise : l'ennemi est tenace mais ne progresse pas : je ne veux retenir que cela …D’autant plus que le Dr Ray-Coquard 2 jours plus tard, plus consciencieuse que notre médecin pressé, vois un «  désépaississement » de la tumeur ce qui nous rendîmes,  JJ et moi, fous de joie.

Nous quittâmes la clinique, mon bras gonflé, douloureux et tout bleui en nous disant que c'est dramatique d'avoir à faire à des gens dont la peur les paralyse encore plus que nous ! C’est vrai que ce jour-là j’avais les nerfs à fleurs de peau, mais je conseillerais  à cette petite infirmière, soit de changer de métier soit, si elle l'aime vraiment, de se remettre en cause, elle y gagnerait en sérénité et ses patients aussi. Pic et pic...

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Commentaires
I
Coucou EVE,<br /> <br /> Un vrai parcours du combattant tous ces examens, mais tu progresses à chaque contôle. Bisous. Isa
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