Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Cancer : quelle aventure... quand sert le cancer
Derniers commentaires
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 57 175
Archives
6 novembre 2011

De nouveau aux manettes - partie I

envol-d-oiseauxDés mon réveil post-opératoire je sais que le compte n'y est pas !
Dans la brume anesthésiante, allongée et perfusée de toute part, la première chose qui me préoccupe est quel plan a adopté le Dr Meeus : le A ou le B ?  La douleur qui me prend les tripes du sternum jusqu'en bas du ventre je m'en occuperais plus tard .L'anesthésiste vient me voir : " Tout va bien " me dit-il. Mon JJ ne doit pas être très loin car très vite il envoie un texto commun qui a pu faire croire à tout le monde que l'on m'a enlevé toutes les tumeurs...et du même coup les organes concernés. Le plan A donc...
...Très vite une conversation lointaine me parvient. Je ne retiens qu'une chose, l'heure : 14H30...rentrée au bloc à 11h, un simple calcul me fait comprendre que le compte n'y est effectivement pas. Montre en main entre les préparations vécues en direct - je vous raconterais plus tard - et le début de l'opération, ils ont travaillé à tout pêter trois heures ! Pas assez pour appliquer le plan A...
Le temps de " looker " -  c'est leur terme - de faire tous les prélèvements nécessaires aux analyses futures, de se rendre compte que la chimio effectivement  a très bien marchée, les tumeurs du pelvis étant réduites à l'état de " tous petits trucs ", le temps de " checker " et d'examiner les organes, déployés de tout leur long avec méthode, centimètre par centimètre, pour ne rien oublier et le temps de se rendre compte que malheureusement il reste une tumeur importante, bien qu'ayant fortement diminuée, sur le grand épiploon - L'épiploon  correspond à deux feuillets de péritoine accolés et qui relient deux viscères entre eux  et Le carcinome péritonéale est la lésion la plus fréquente, le plus souvent secondaire à un cancer de l'ovaire - .... Ce temps-là met  Le Dr Meeus  devant un dilemme, un choix que lui seul  peut prendre, c'est son rôle, nous en avions parlé ensemble, c'est pour cela que je lui fais confiance et j'ai bien senti dans son regard, plus tard, lorsqu'il m'a rejoint dans ma chambre pour me faire un rapide bilan, que ce choix-là, il n'en voulait pas. Mais je vous l'ai déjà écrit,  l'ennemi est pervers ... " J'ai hésité, je n'ai rien enlevé " me dit-il. Et moi je crois sincèrement que le plus dur pour un pro du bistouri c'est justement de ne pas utiliser ses outils ! Se retenir pour ne pas faire " le " geste de trop, geste qu'il a appris tout le long de ses études et que seules son expérience et sa compétence lui dicte de ne pas le faire. " On va refaire des chimios, c'est le mieux. Lundi, réunion avec Isabelle " . C'est le prénom du Sergent major, le Dr Ray-Coquard,  chef d'orchestre des molécules chimiques et bienfaisantes.
A chacun son rôle, lui il est là pour l'action mécanique du problème, ôter les tumeurs, mais les tumeurs faibles, rabougries, nécrosées,  pas les tumeurs fortes de leur saloperie de cellules tueuses,capables de se reproduire à tout vent et de fabriquer des vascularisations telle une toile d'araignée invisible à l'oeil nu, qui provoqueraient à coup sur la récidive tant redoutée de tous les  cancéreux. Lui, il est là pour nettoyer le corps des organes atteints de toutes ces tumeurs, mais en un seul geste : le " tout d'un coup " pour ne pas m'imposer des chocs opératoires à répétition, qui en affaiblissant mon organisme ne me rendraient aucuns services : il me permet ainsi de garder mes forces pour les combats à venir.   E t des forces, croyez-bien que j'en ai besoin : l'opération que j'appelle maintenant le " premier look " m'a essorée, lessivée, vidée de presque tout mon sang et ma tension me joue de sacrés tours : hier, à la deuxième tentative de lever - il faut absolument le faire pour remettre les organes bien en place - assise devant JJ et Agnès, je me suis sentie partir, partir, partir....l'infirmière à côté de moi a très vite pris en main le contrôle : calme, rassurante, elle me lève immédiatement les pieds sur une chaise, enserre mon bras gauche  d'un tensiomètre continuellement présent à mes cotés. Je suis mal, je suis trempée de sueur, je tremble et j'ai peur de tomber; " vous ne pouvez pas glisser plus bas, laissez- vous aller et surtout laissez-vous faire, vous ne risquez rien." Je l'entends appeler l'anesthésiste et hop je bascule dans l'abime...doucement comme elle m'a demandé de le faire. Au réveil, quelques minutes plus tard, je vois les cinq infirmières du service toutes autour de moi, suivant les instructions de l'infirmière en chef et je vois le tensiomètre à 5 ! Je lui lance un regard affolé mais elle me dit : " tout va bien votre pouls est régulier ". Un drap est déjà glissé sous moi et d'un geste incroyablement léger et sans heurts, les  infirmières me soulèvent pour me remettre dans mon lit. On reprend la tension : ouf elle remonte à neuf!
Et c'est comme une volée de petits oiseaux que les infirmières et les aides-soignantes repartent à leurs taches. Croyez bien qu'elles n'en manquent pas : une autre patiente est en train de leur faire le même coup dans une chambre voisine. Leur calme, leur présence d'esprit, leur expérience m'impressionnent et je les remercie encore.

On fait revenir dans la chambre JJ et Agnès : tout va à nouveau bien et comme j'ai la chance d'avoir comme amie une pro de la détente et aussi de la compassion - c'est tellement important la compassion -, Agnès me prend la main est m'entraine dans une prévisualisation positive dont elle seule a le secret. Mon JJ en profite aussi, peut-être moins actif que moi dans ce domaine mais autant qu'il en recueille aussi le bien-être; ces traits sont tirés et je sais, même si jamais il ne me le fait sentir, combien tout cela est parfois dur pour lui...
C'est lundi que nous en sauront un peu plus sur le programme futur...il faut d'abord s'occuper de ma forme, le médecin vient de frapper à la porte pour me prévenir d'une transfusion : mes globules rouges sont de nouveaux trop bas et comme ils ne perdent jamais de temps à Léon Bérard, déjà ma petit infirmière du jour vient me faire une prise de sang pour connaître mes anticorps : il est 11 heures et c'est la deuxième de la journée.

                                                                                                                                ... /...

Publicité
Publicité
Commentaires
D
Tu les aperçois ces branches au dessus de ton lit? Elles sont là magifiques décorées de leurs feuilles flamboyantes; Alors accroches toi de tout ton poids et je sais que tu as suffisamment de force morale et physique pour te relever et tiens marcher et cueillir les champignons d'automne mais cette fois au pied de l'arbre!<br /> <br /> Gros bisous à toi et JJ
F
Je pense très fort à toi. Bon courage.<br /> Gros bisous à vous 2<br /> Flo
Publicité