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Cancer : quelle aventure... quand sert le cancer
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24 juin 2012

Le verdict est tombé

 

le verdictVoilà le verdict est tombé et il n'est pas bon.

Il y avait du monde chez Léon, comme souvent, comme toujours. Une bise à Mimi, l'aide-soignante que nous croisons avec toujours en poche un sourire à vous donner et nous trouvons une place dans le grand hall où des chaises sont disponibles pour attendre que le médecin vienne me chercher. JJ va vaquer à ces obligations qu'il a faites siennes en ses lieux : glisser mon dossier dans le cassier de la porte N° 1, le bureau attribué pour les consultations du jour au docteur Ray-Coquard, déposer mon scanner au petit comptoir qui se trouve juste à gauche de l'entrée pour qu’elle puisse analyser mes résultats directement sur son écran d'ordinateur, chercher quelques revues pour calmer nos impatiences et me ramener un verre d'eau. Ici, sans qu'il n'ait rien eu à demander, JJ est chez lui. C'est le genre de personne qui, pour le bien de tout le monde et particulièrement du mien, trouve sa place là où il se trouve. Même les médecins que nous croisons dans les couloir de chez Léon le reconnaissent. Lui, bien avant moi ! C'est vous dire !

Nous avons rendez-vous à 12 heures et nous sommes largement en avance. Pour mon JJ "être à l'heure, c'est, d'abord et avant tout, être en avance." Une jeune femme est assise près de moi et c'est naturellement que nous lions connaissance. Cancer du sein, métastasé os-poumon. Elle a appris son diagnostic, il y a 8 ans, en allaitant sa petite dernière. Elle est pourtant là. Vaillante et remplie de confiance me dit-elle : " Mon scanner est stable ". Je sens immédiatement derrière sa légèreté portée par les bons résultats du moment, tous les combats qu'elle a dû mener pour en arriver là. Je réalise que le parcours de chacun des patients de chez Léon ressemble à ça : la joie et l’espérance lorsque que les résultats sont bons, la tristesse et l'abattement lorsque les résultats sont mauvais. Ce n'est jamais le temps maussade ni les différentes vicissitudes de la vie qui temporisent mes humeurs mais uniquement les chiffres inscrits sur une feuille de papier à l'entête d'un laboratoire d'analyses et je me dis qu'il faudrait apprendre à sortir de cette logique pour vivre  un peu mieux mon aventure future car le parcours est long, très long : il suffit de me voir ses derniers jours pour savoir à quel point toutes les annonces négatives impactent sur mon moral. Mais c'est tellement facile à écrire que cela doit être terriblement dur à mettre en place !!!

Ce n'est qu'à 14 heures que ma commandante vient me chercher. Comme à son habitude elle me lance chaleureusement : "Comment allez-vous ? ". C'est sa façon directe de prendre la température de ses patients. Chez elle pas de chichis.

" J'allais parfaitement bien avant la découverte de mes marqueurs."

" Vos marqueurs je m'en fiche, ce qui compte c'est votre scanner." (Ouf)

" Ben justement … L'ascite reprend un peu d'activité." Elle fronce les sourcils. (Aie)

Elle me demande depuis combien de temps j'ai arrêté les chimios. Je me tends, cherche dans mon classeur le tableau Excel que je me suis fait sur les dates-clé de mon aventure et miraculeusement, tellement je tremble, je trouve l’information :   "Depuis fin mars."

Je comprends vite car elle explique posément et sans ambages ce qui m'arrive et comme je commence sérieusement, à partir de ce moment-là, à me couper en deux tant ce que j'entends me fait peur, je vous résume ce que j'ai cru comprendre en quelques mots : L'avastin est un échec, les chimios n'ont pas tenues leurs promesses et il faut repartir sur d'autres molécules pour espérer contenir la flambée de l'ascite qui ne va pas tarder à envahir à nouveau mon ventre. Elle pense à plusieurs pistes dont une dépend d'une éventuelle ponction que l'on pourrait me faire sous radiographie mais pour cela il lui faut l'aval du radiologue. Elle le verra lundi et me téléphonera mardi ... Il me faut attendre ... encore attendre.

Mes bras s'allongent comme tirés vers le bas venant au secours de mes jambes qui flanchent en pensant soutenir ainsi mon corps tout entier mais ce n'est que par habitude du mouvement que je sors de chez Léon un pas après l'autre et l'air ensoleillé du dehors si tardif en ce mois de juin n'arrive même pas à insuffler en moi la moindre chaleur. C'est alors que me revient en mémoire comme une vague déferlante : la pose de mon Picc, les nausées post-chimio, mes problèmes rénaux, les douleurs abdominales, les nuits blanches, la potence de mes perfusions, les peurs, les piqûres sur mes cuisses bleuies, les angoisses, tout cela d'un temps encore si proche que nous n'avons même pas pu  vivre, mon JJ et moi, comme nous le voulions un bel été à partir en vadrouilles chez les uns, chez les autres ...Même pas eu le temps de nous éloigner de la maladie, d'y mettre un peu de distance pour en oublier toutes les choses qui portent son odeur.

Je me sens privée de l'espoir de guérison. Mais que croyais-je ? Moi qui n’étais même pas en rémission !!! Je me rends compte que mon mental, ma vitalité et mon désir de ne pas quitter ceux que j'aime plus que tout au monde m'ont permis d'insuffler à mon corps l'énergie nécessaire au bien-être! Je sais cependant que les neuf mois de Carbo-platine ont muselé mon ennemi mais cela n'a pas suffi et qu'il est difficile d'avoir, à nouveau, l'esprit ouvert à d’autres plans médicaux !

"Vos cellules sont agressives." m'a dit Isabelle Ray-Coquard, "Il faut trouver la cible." J'ai senti au son de sa voix et à la gravité de son regard qu'elle en mesurait toute la difficulté.

Moi aussi, moi aussi.

 

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Commentaires
J
Ca va aller...dès demain !!!<br /> <br /> J'entre avec mes forces dans la mêlée.<br /> <br /> Ca va aller.<br /> <br /> Ou alors je me fais trop vieux et ça c'est pas vrai.
C
Accroches-toi ma petite Evelyne! Je vous embrasse très fort toi et JJ
M
Juste un gros bisou affectueux et plein d'espoir
I
La rémission n'est pas encore là, mais ta commande en chef va trouver une autre parade pour contrer ton ennemi. Gros bisous. Isa
F
Confucius<br /> <br /> « Notre plus grande gloire n'est pas de ne jamais tomber mais de nous relever après chaque chute..."<br /> <br /> <br /> <br /> et je te fais confiance, tu y arriveras....sans compter que tu as le meilleur des soutiens en JJ et tous tes amis. Je t'embrasse fort
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