C'est bien plus que le printemps

C'est que maintenant j'en prends des libertés à ne plus penser à la maladie !

C'est que maintenant elle m'en laisse du repit et je ne prive pas d'en profiter d'autant plus que  notre temps et notre esprit sont occupés à aménager un nouveau "Chez nous" !

Et oui ! On laisse derrière nous les galères en claquant la porte de notre ancien appartement en espérant bien que le cancer sera captif à tout jamais dans le fin fond des abîmes du noyau de la terre.

La décision du changement d'air ne fut possible qu'avec la formidable dynamique de JJ qui croit dur comme fer en ma guérison et pas une seule fois je ne l'ai vu hésiter. Cela résonne en moi comme une véritable preuve de cette croyance que je vois dans ces yeux lorsque, de mon côté, je flanche et m'effondre devant la peur que j'ai toujours au fond de moi : nous sommes loin, très loin encore de la rémission.

Mon quotidien, avec les améliorations liées à mes 9 chimios, a changé : à certains moments de la journée je me surprends, non pas à être en forme, mais à ressentir comme une dynamique qui se met en route. Alors là au lieu de m'activer comme je l'aurais fait jadis, je me pose, je me recentre sur moi et j'apprends à écouter ce qui se passe en moi.

Je savoure, mieux, je déguste ce répit qui souvent est encore de très courte durée mais qui me donne encore plus l'envie de guérir. Puis je reprends ma vie, toujours très occupée bien sûr à combattre mon ennemi mais de façon plus " consciente ". J'ai mis au point une stratégie autour de  6  grands points que je mets en application du mieux que je peux sur toute la journée au gré de mon temps : le Yoga - 1/2 heure à 1 heure -, 40 minutes environ de méditation, un soin tout particulier sur la nourriture, un accompagnement de phytothérapie et d'homéopathie qui évolue selon mes besoins, de temps en temps une prévisualisation positive, le casque de mon MP3 vissé sur mes oreilles et toujours bien sur mes piqûres d' Album Viscus, 3 fois par semaine.

Entre temps j'aide du mieux que je peux mon JJ à préparer pour la fin du mois notre arrivée dans un petit village de 1300 habitants, aux portes du Beaujolais, au curieux nom de " Les Chères ". Nous avons choisi cet endroit pour son charme et sa tranquillité : un vrai coup de coeur ! Notre duplex prend petit à petit les empreintes de nos envies, les terrasses sont déjà aménagées et nous venons d'y passer quelques jours où JJ a pris ses pinceaux et son courage à deux mains pour enjoliver à notre goût ce lieu que nous présentions comme magique et qui tient déjà toutes ses promesses. Nous nous sommes débarrassé de mon lit médicalisé pour nous équiper d'un superbe grand lit électrique et  JJ a vendu sur " Leboncoin.fr " tout ce que nous ne voulions plus : un vrai ménage de printemps et tels de petits moineaux nous picorons avec délice des idées de décoration dans les magazines et sur internet ...

J'ai fait la connaissance du petit épicier qui se trouve à 50 m de chez nous. Il me présente ses fromages par les prénoms de ceux qui les fabriquent et ses légumes sont encore plus frais que sur le marché : il doit se fournir chez les maraîchers de la région. Les tartines aux fromages du boulanger ont déjà fait le bonheur de JJ et celui qui les conçoit doit y mettre tout son coeur  : cela se sent jusqu'à la qualité de sa baguette. Mercredi soir nous avons assisté à une des réunions de la création de jardins familiaux au sein même de la commune, " Les Chères Jardins ", 19 parcelles de terrain agrémentées chacune d'une cabane en bois à vingt pas de chez nous. Nous faisons maintenant partie de l'association et bientôt nous aurons la jouissance de quelques mètres carrés de terre à produire du goût, de la saveur, des fleurs et de la joie !

Ainsi le temps passe très vite ... A vivre son bonheur, n'en est-il pas toujours ainsi ?

Comments

[agnes.oelsner]

j'ai rattrapé tout mon retard. Ce roman de ta vie est un extraordinaire témoignage de ce que j'appelle l'honneur des malades qui se tiennent debout et qui veulent être le plus conscients possible de ce qu'il leur arrive plutôt que de s'en remettre les yeux fermés au système de santé.

Certains passent des années , 3 pour les bouddhistes à faire leur cehmin vers la sagesse d'un lama , toi ton monastère c'est toi même avec le cancer comme marqueur de cet incroyable cheminement. Ah que j'aurais aimé t'emmener en Inde ( pas terrible pour les organismes fragilisés) pour ce savoir naturel dont tu vantes les mérites dans ton blog.

Je suis vraiment "sur le cul" devant ton intelligence , ta curiosité, ton goût boulimique pour la vie...je te serre fort dans mes bras sans toucher ton picc...