C'est du lourd
Voilà j’ai eu mon rdv avec le docteur Meeus. Je l’ai vécue BIEN, comme une première de la classe qui écoute son professeur. J’avais bien appris ma leçon avec mes deux scanners de passés à 2 cures d’intervalles (oui maintenant c’est comme cela que l’on appelle les chimios. Au début j’ai trouvé ça bizard, limite mesquin, mais très vite j'ai compris ce besoin d'adoucir les choses). Je savais ce qu'il allait me dire puisque je l’avais déjà entendu du Docteur Sournies : 8 à 10 heures d’opération ça te parle quand même !
Il m’a consciencieusement, presque délicatement, expliqué le déroulement de sa prise en charge, m’a expliqué comment il ferait les choix qui s’imposeraient à lui quant à la stratégie à tenir. Je disais « oui…oui…oui… » je posais quelques questions, mais somme toute pas trop, je laissais faire mon JJ. je me suis départie de mon rôle d’actrice de la maladie, pour rentrer dans un monde irréel du dédoublement : mon corps était là, mon esprit était bien loin ; j’ai bien compris pourtant tous les schémas qu'il nous montrait,précis, j’ai aimé lorsqu'il m’a dit droit dans les yeux : « je suis un pilote de chasse et il faut que je ramène l’avion à la maison en état de marche ou je ne touche à rien ! ». J’ai compris que l’avion c’était moi. Il m’a dit que mon opération il fallait que je la prépare comme un match de Rugby et il m’a parlé du Mental. Franc, clair, terriblement solide, il nous a bien plu à JJ et à moi !
J’avais tout compris sans réaliser que c’était « du lourd. »
Ce n’est que bien après, rentrée à la maison que je me suis écroulée !
J’ai pleuré tout le reste de la journée et une partie de la nuit : je me retrouve à la case départ de l’annonce du cancer, malheureuse avec une affreuse peur devant tout ce qui m’attend.
« Toute seule au fond de ma piscine… »… je n’ai même pas de « pull marine »
Je n’ai pu parler et raconter qu'à ma sœur, Jozé et les enfants.
J’ai écourté tous les appels reçus…moi la grande « communicante », comme j’ai plaisir à le dire !
Et pendant que j’écris, je me reconstruis. Je pense et repense au moral et au mental que Romain a si justement nuancé tout à l’heure. Je vais y réfléchir, trouver la solution pour effacer la crainte . j’ai besoin de prendre du recul.
Je vous aime